"Une Suisse sans armée" n°44, hiver 99, p. 12

OMC:

Globalisons le désarmement

A Seattle, du 30 novembre au 3 décembre 1999, la conférence de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), destinée à donner le coup d'envoi aux négociations du "Millenium round", a connu un échec cinglant. D'une part, de nombreuses manifestations de par le monde, et à Seattle en particulier, ont montré le mécontentement de dizaines de milliers de citoyen-ne-s face au fonctionnement de l'économie de marché qui détruit l'environnement et laisse des milliards de personnes sur le carreau. D'autre part, les États n'ont pas réussi à se mettre d'accord. Les États Unis se sont affrontés à l'Union Européenne, tandis que les pays du Sud manifestaient leur mécontentement d'être écartés des discussions par les pays du Nord. Le GSsA était partie prenante de la manifestation nationale contre le "Millenium Round" qui a eu lieu à Genève le 27 novembre et a distribué le texte ci-dessous pour faire valoir son point de vue pacifiste et antimilitariste.

Le néomilitarisme, ...

Guerres et bombardements humanitaires, missiles et cannonades contre terroristes et «nouveaux Hitlers», guerres au narco-trafic et aux «migrations illégales», élargissement de l’OTAN, reprise de la course aux armements: au cours des années nonante, la logique des interventions militaires tous azimuts des armées occidentales s’est imposé de plus en plus. Avec la professionnalisation, la domination téchnologique et la stratégie du «zéro mort» (côté militaires), les guerres redeviennent un moyen normal de gestion des conflits.

... bras armé du néolibéralisme.

Le libre marché mondial se base sur les inégalités et les aggrave. C’est là une des principales sources de conflits. Après 1989, pour les puissances occidentales, la menace à combattre n’est plus l’ordre communiste, mais le désordre et l’instabilité tout court. Les armées des pays occidentaux doivent se restructurer pour pouvoir intervenir partout où la maximisation du profit des capitaux transnationaux est menacée par le désordre et l’instabilité, surtout dans les pays du Sud et de l’Est. Ces mêmes armées sont chargées d’intervenir aussi pour «gérer sur place» la «menace» que constituent les populations de migrant-e-s fuyant la misère et les violences.

Pour le désarmement et contre la militarisation de la politique

La démarche militaro-répressive n’attaque pas les causes profondes des conflits qui sont économiques, sociales, politiques. En consacrant annuellement plus de 800 milliards de $ US pour les armées, quarante fois plus que pour la gestion des conflits avec des moyens civils, les puissants de ce monde enlèvent les ressources nécessaires à la réduction des inégalités et à une politique de développement durable et solidaire.

La militarisation impose une logique de violence et de profit au détriment des actions sociale, politique et citoyenne. Le renforcement des approches autoritaitres, répressives et militaires empêchent que les majorités désarmés des faibles puissent s’imposer face à la minorité armée des puissants.

Pour une Suisse sans armée, pour un monde sans militaires

Le GSsA a plusieurs projets en chantier pour démilitariser la société et la politique de la Suisse. Avec nos deux initiatives populaires fédérales, nous proposons de substituer la politique de sécurité militaire par une approche civile et solidaire, pour mieux envisager les solutions aux vrais défis sociaux, économiques et écologiques actuels.