"Une Suisse sans armée" n°44, hiver 99, pp. 3-4

Assemblée générale:

Le GSsA solidaire

Le 21 novembre 1999, l’assemblée générale du GSsA a pris trois importantes décisions. Tout d’abord, il a décidé de récolter 5000 signatures pour l’initiative pour l’adhésion de la Suisse à l’ONU. Ensuite, il a décidé de participer à la campagne pour l’initiative pour la réduction de moitié des dépenses militaires. Enfin, il a décidé de se préparer à lancer un référendum contre la nouvelle loi sur l’armée et l’administration militaire (LAAM), qui permet l’envoi de soldats suisses armés pour les opérations de maintien de la paix.

Dix ans après la chute du mur de Berlin, a constaté Jo Lang de Zoug, la Pax Americana empêche de construire un monde plus juste et plus écologique. Aujourd’hui, on dépense 60 fois plus pour l’armement que pour la résolution des conflits. Une partie de la gauche helvétique est tentée de s’affranchir de l’isolationnisme helvétique en choisissant la petite porte conduisant à l’OTAN et le nouvel ordre militaire, au lieu d’affirmer la primauté du politique sur le militaire. La troisième voie solidaire et civile offerte par les initiatives du GSsA est plus que jamais nécessaire.

Hans Hartmann de Zurich a souligné que le GSsA, comme le prouvent nos initiative, n’est pas contre toute intervention armée à l’étranger, mais qu’il fallait satisfaire à des critères sévères pour que de tels engagements soient acceptables: il faut un mandat de l’ONU ou d’autres institutions internationales, ainsi que l’accord de toutes les parties en conflit. Or le projet du Conseil fédéral de révision de la LAAM permettrait d’écarter l’une ou l’autre de ces conditions, notamment à travers la possibilité de participer à des opérations d’imposition de la paix. Il est nettement moins restrictif que le projet de Casques bleus refusé par le peuple en 1994.

Référendum

Face à cela, le GSsA a décidé à une très large majorité de préparer le lancement d’un référendum si nos revendications ne sont pas prise en compte d’ici l’acceptation de la révision de la LAAM par le parlement, probablement en juin 2000. Nous devons construire nos propres arguments solidaires face à l’isolationnisme de l’Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) à laquelle nos adversaires ne manqueront pas de nous assimiler. Nous devons également rechercher un soutien plus large et nous préparer à développer nos arguments sans compter sur le relais d’une presse qui nous sera hostile.

En mars 1999, le GSsA a signé, avec une série d’autres organisations, une plate-forme pour une politique de paix solidaire. Celle-ci réclame que la priorité soit mise pour la résolution civile et pacifiste des conflits, et sur des mesures de prévention. Les actions militaires de maintien de la paix ne doivent intervenir qu’en dernier lieu, sous mandat de l’ONU ou d’autres institutions. Le GSsA exige également que l’armement des soldats soit limité à l’autodéfense, et que les interventions soient basées sur les principes de la justice, et non pas sur des rapports de pouvoir. De plus, un groupe de suivi, dans lequel seraient représentées des ONG, doit accompagner les interventions suisses de maintien de la paix.

Une assemblée générale extraordinaire sera convoquée après l’adoption de la loi par le parlement. Nous devrons alors évaluer l’opportunité de lancer un référendum et les chances qu’il aboutisse.

Réduction du budget militaire

L’initiative pour la diminution de moitié du budget militaire prévoit la réduction du budget de l’armée, et la réaffectation de la somme pour le social et la prévention des conflits. Un milliard de francs sera affecté à la reconversion des emplois liés à l’armée. La campagne tournera vraisemblablement autour de la modernisation de l’armée et l’intégration au système de défense européen. Le GSsA doit faire entendre sa voix et prôner la résolution des conflits par une démarche civile et solidaire.

Enfin, le soutien à l’initiative pour l’adhésion à l’ONU a été accepté à une large majorité. La Suisse est le seul pays à ne pas en faire partie, avec les micro-États du Vatican et de Tuvalu. Les violations des droits humains sont encore nombreuses. Les différences entre le Nord et le Sud sont très fortes. Une réponse globale est nécessaire, et l’ONU peut agir au niveau de la paix, de l’environnement, des droits humains et du social. L’ONU a gagné en possibilités d’actions après la chute du bloc communiste. Mais les efforts de l’ONU sont vains face au mépris des grandes puissances et des États-Unis en particulier, qui ne payent plus leurs cotisations. La nouvelle donne mondiale a aussi favorisé l’éclosion des conflits. On ne pourra changer l’ONU et relégitimer les institutions internationales que de l’intérieur. C’est pourquoi une participation de la Suisse à l’ONU est indispensable.

Le délai pour la récolte de signatures court jusqu’à fin février 2000. Au moment de l’AG, il n’y avait que 60'000 signatures. Le GSsA a décidé de récolter 5000 signatures et a conditionné son soutien à l’effort des autres groupes de soutien. Nous vous invitons donc à découper le formulaire de signatures à la page 5 de ce journal et à nous aider pour la récolte de signatures.

Enfin, le GSsA a voté une résolution contre la guerre en Tchétchénie.

Pas de repos du guerrier après l’aboutissement de nos initiatives. L’année prochaine sera donc très active pour notre mouvement.

Sébastien L’haire


La décision approuvée à l’AG du GSsA du 21 novembre 1999:

Solidarité au lieu de soldats

Sur la base de l’actuelle version du projet de révision de la loi sur l’armée et l’administration militaire (LAAM, qui prévoit l’envoi de militaires armés à l’étranger), le GSsA décide:

Le GSsA entreprend les préparatifs nécessaires pour pouvoir décider du lancement d’un référendum après l’acceptation de la révision de la LAAM par le Parlement.


Le projet de la nouvelle loi militaire en bref

L’actuel projet de révision de la LAAM permet d’aller beaucoup plus loin que le projet d'un corps suisse de Casques bleus refusé en 1994: