"Une Suisse sans armée" n°42, été 99, p. 19
Une conférence internationale s'est tenue à La Haye du 11 au 15 mai pour commémorer la 1ère Conférence internationale pour la paix, convoquée par la Russie et les Pays-Bas en 1899. Cette conférence a été organisée par des ONG, dont le Bureau International pour la Paix, et les gouvernements ont été invités à participer.
Le but de cette conférence était de délégitimer la guerre en vue de l'abolir. Il fallait dénoncer les causes de guerre, le mal-développement, la discrimination ethnique, l'exclusion économique. Ces conflits doivent trouver une autre solution que la violence, et de nouveaux moyens de résolution des conflits sont à explorer.
La conférence a rassemblé plus de 3'000 personnes de tous les continents, prêtes à participer à la réflexion commune sur ces thèmes. Plus de 300 ateliers leur ont été proposés, animés par des spécialistes et des responsables d'organisations. Les sujets allaient de l'armement nucléaire à l'indépendance de la Papouasie Nouvelle-Guinée, en passant par le gouvernement mondial et la Cour pénale internationale. Une fois les discours terminés, il ne restait que peu de place pour les échanges.
La guerre au Kosovo a jeté le trouble dans l'esprit des participants dont certains pensaient avec les Kosovars que cette guerre était juste et nécessaire, et d'autres, avec les pacifistes, que la violence, une fois de plus, avait prévalu et qu'il fallait dénoncer toutes les violences de la Serbie et de l'OTAN. Il ne s'est trouvé qu'une poignée de pacifistes pour une manifestation anti-guerre devant le bâtiment du congrès, et les responsables de la conférence se sont réfugiés derrière le mot Paix : il faut d'abord faire la paix entre nous, notre but est la paix, etc. Les jeunes pour leur part ont employé leur franc-parler et leur musique pour dénoncer la guerre, et la cérémonie de clôture a quand même donné lieu à des discours qui condamnaient prudemment la guerre en général sans insister sur ce cas particulier. Aucune résolution, aucune prise de position officielle n'est sortie de cette conférence sinon l'Agenda pour la Paix et la Justice pour le 21ème siècle, un papier qui avait été imprimé avant la conférence.
Cette conférence a surtout constitué une source d'information sur les mouvements et organisations de paix existant de par le monde, leaquels tenaient des stands et ont animé des ateliers. Il y a eu des échanges entre participants, mais ils étaient tellement nombreux qu'il a été bien difficile de prendre contact.
Quant à moi il me paraît évident que l'armée est la seule cause de guerre et qu'il vaut mieux utiliser d'autres moyens de résolution des conflits que le recours aux armes. Abolir les armées c'est aussi abolir les armes de destruction massives et toutes les autres armes sophistiquées. J'espère avoir été entendu pendant cette conférence.
Michel Monod