"Une Suisse sans armée" n°41, printemps 99, p. 2
Veuillez d'abord nous excuser du retard et de la taille réduite de ce premier journal 1999. Cela reflète une certaine faiblesse au niveau de l'organisation de notre groupe en Suisse romande, où l'essentiel du fonctionnement du GSsA repose, à Genève, sur un petit nombre de militant-e-s bénévoles et de deux salariés (l'un à 50%, l'autre à 20%).
Ces derniers mois nous avons été quelque peu débordés par plusieurs évenements, comme le recours à l'armée pour «protéger» les bâtiments diplomatiques contre les manifestant-e-s Kurdes à Genève (arguments fallacieux des autorités fédérales et genevoises), le jugement final du Tribunal fédéral sur notre initiative cantonale «Genève, République de paix» et la tragédie de la guerre dans les Balkans. La mobilisation sur ces thèmes s'est ajoutée à nos tâches «ordinaires», telles l'organisation de la récolte de signatures pour nos deux initiatives fédérales, la gestion courante du secrétariat, la permanence pour le service civil et les problèmes militaires, le Salon du livre etc...
Aujourd'hui, alors que le «monde occidental» est en guerre et qu'il reste quatre mois pour faire aboutir nos initiatives, nous vous faisons parvenir trois messages essentiels contenus dans ce journal:
1. La nécessité de développer des démarches civiles au lieu des logiques militaires face aux conflits devient de plus en plus évidente.
L'augmentation des inégalités et des injustices dans le monde entraîne une recrudescence du nombre de conflits et de leur intensité. Face à ces conflits nous constatons le recours de plus en plus fréquent et massif aux armes, à la violence militaire. On peut être déchiré face à la logique militaire à l'oeuvre actuellement dans les Balkans, mais nous devons tous convenir qu'il aurait mieux valu ne pas en arriver là. Si nous luttons pour le désarmement et contre la militarisation des conflits, c'est pour ouvrir et développer les espaces de l'action sociale et de la politique en lieu et place de la logique du profit et de la violence. C'est pour cela que nous nous opposons aussi à la logique militaire ici en Suisse, où l'armée cherche désespérément des tâches tous azimuts pour montrer qu'elle reste encore indispensable au prochain millénaire. C'est pour contrer la logique militaire à tous les niveaux que nous vous demandons aujourd'hui de soutenir nos initiatives. En Suisse nous récoltons des signatures pour l'abandon d'une défense nationale militaire absurde et pour le renforcement des approches civiles de la gestion des conflits. Au niveau genevois, l'initiative «Genève, République de paix» sera soumise en votation cette année encore.
2. Nos initiatives doivent absolument aboutir! Investissez quelques heures pour que la Suisse s'engage pour préparer la paix, pendant que nos dirigeants discutent s'il faut adhérer à l'OTAN ou plutôt maintenir une défense isolée «forte et crédible».
Nous avons jusqu'à la fin du mois d'août pour récolter encore quelque 35'000 signatures pour arriver aux 115'000 nécessaires. Autant dire qu'il faut «mettre la gomme» dès maintenant: de bonnes récoltes au mois de mai et juin seront décisives. Plutôt que de regarder les reportages TV sur les bombardements dans les Balkans ou en Irak, pourquoi ne pas faire signer les initiatives imprimées dans ce journal, ou prendre contact avec le secrétariat romand ou avec le groupe régional le plus proche pour participer à une action et à un stand de récolte? Commandez des listes à faire signer et suggérez où et quand on pourrait vous aider à récolter des signatures près de chez vous.
3. L'argent, nerf de ... la paix!
Vous êtes nombreux à nous envoyer régulièrement de l'argent et nous vous en remercions. Mais encore plus nombreux sont celles et ceux qui le font irrégulièrement et même très irrégulièrement. Or, avec deux initiatives fédérales en chantier, une initiative cantonale soumise à votation cette année à Genève, ainsi qu'avec les autres activités mentionnées plus haut, nous manquons de moyens adéquats. Nous n'avons ni l'argent d'une grosse entreprise comme Denner pour financer nos initiatives, ni une armée de fonctionnaires, comme ceux de M. Ogi, qui s'activent à peaufiner les stratégies militaires du XXIe siècle. Pour travailler de façon plus sérieuse, nous discutons d'engager, par exemple, un rédacteur à temps partiel, afin d'assurer une parution régulière et de meilleure qualité de ce journal. Il nous suffirait de peu (d'un petit morceau d'un des dix ou douze nouveaux F/A-18 ou des missiles que le Département de la défense souhaite acheter, par exemple).
La rédaction