"Une Suisse sans armée" n°39, automne 1998, p. 15

Pacifisme et antimilitarisme:

La triennale de l'Internationale des Résistants à la Guerre à Porec en Croatie (19-26 septembre 1998)

La triennale est l'occasion pour les militants de l'IRG de faire le point des actions menées et d'envisager ensemble les objectifs à poursuivre. L'accent est mis sur l'antimilitarisme et la construction sociale non violente.

L'antimilitarisme

L'objectif à long terme est l'abolition des armées, milices locales, armées nationales et forces d'interposition internationales, car les armées ne servent pas les intérêts de la population mais ceux des puissants. La population civile est toujours la victime malheureuse des affrontements armés. L'IRG envisage divers moyens d'action.

Il y a l'objection de conscience, le refus de porter les armes. La plupart des pays ont inscrit dans leur constitution le droit à l'objection de conscience et la possibilité de faire un service civil, suite à la résolution de la Commission des Droits de l'Homme. Beaucoup de pays n'ont pas encore de loi d'application et les militaires s'y opposent. Il y a donc dans ces pays un travail à poursuivre auprès des Parlementaires pour obtenir un statut pour les objecteurs.

Beaucoup de pays ont une armée professionnelle. Il y a une action militante à poursuivre pour s'opposer au recrutement des jeunes dans les armées. L'IRG dénonce l'existence des alliances militaires comme l'OTAN qui drainent des milliards de dollars qui seraient plus utiles dans des projets de développement civils afin d'atténuer les causes de conflit.

Il s'agit aussi de délégitimer les armées en dénonçant la contradiction de l'usage de la violence avec les Droits de l'Homme, le droit à la vie et le respect des personnes. Les armées violent globalement l'ensemble des Droits de l'Homme et bénéficient d'exceptions inadmissibles. Il faut distinguer le droit de se défendre de la police des opérations militaires. Il y a un travail d'éducation du public et d'information à poursuivre.

Construction sociale non violente

Pour construire une société non violente, l'IRG envisage d'accentuer la formation à la non-violence. Il s'agit d'une part de poursuivre la formation à l'action non violente traditionnelle, afin de créer un rapport de force qui permette aux défavorisés d'imposer leurs droits à ceux qui les leur refusent. Il y a aussi une formation personnelle qui donne à chacun la force intérieure, la capacité individuelle pour affronter les adversaires et dialoguer pour une meilleure gestion des conflits. C'est dans ce sens qu'un travail auprès des femmes est entrepris, en particulier auprès des femmes du Tiers Monde. Déjà dans le déroulement de la triennale, une journée d'observation a permis de noter les attitudes envers les femmes, les négligences à leur égard et le rôle qu'elles sont amenées à jouer dans notre groupement.

L'intervention civile

A la charnière de l'anti-militarisme et de la construction sociale non violente se situent les expériences d'intervention civiles non violentes dans les zones de conflit. Un rapport a été présenté sur l'action du Balkan Peace Team qui bien que modeste reste un modèle de ce que l'IRG envisage comme action pour la paix. Il reste une réflexion à faire pour sortir des expériences pilote et entamer des actions d'envergure. La bonne volonté ne suffit pas, il est nécessaire de s'appuyer sur des ONG importantes, voire des gouvernements. Les membres de l'IRG sont très réticents mais l'initiative du GSsA pour un service civil pour la paix offre des pistes d'action et de réflexion.

Michel MONOD