"Une Suisse sans armée" n°39, automne 1998, p. 6

Dépenses militaires:

Assurance-maternité et budget militaire

Berne, Palais fédéral, octobre 1998. Depuis 53 ans, le principe d'une assurance-maternité est inscrit dans la Constitution sans être traduit dans les faits. La volonté politique et le financement ont coûté plus d'un demi-siècle aux femmes avant qu'elles ne bénéficient enfin aujourd'hui de ce droit à l'assurance! Tout n'est pas encore réglé, malgré un financement assuré. Une fois de plus, une partie de la droite et l'UDC de Blocher ont essayé de mettre les bâtons dans les roues, cette fois sans succès (116 voix contre 59).

Coût de l'assurance-maternité: 493 millions par an.

1,315 milliard voté le lendemain pour le programme d'armement 98

Suivant sans honte le Conseil des Etats, c'est sans difficulté que le National a approuvé ce budget par 107 voix contre 29. Alors que la veille, la droite avait ergoté sur le financement de l'assurance-maternité, elle n'a pas fait de difficultés pour le panier de la ménagère suivant:

Des nouveaux F/A-18 en toute discrétion

Vous aviez la tête ailleurs ou encore les pieds dans l'eau, pourtant voici la bonne nouvelle datée du 3 septembre. Les forces aériennes suisses envisagent sérieusement de remplacer 17 vieux Mirages par une douzaine de F/A-18. La promesse d'un achat unique de 34 avions en 93 a été vite oubliée. Ici, il s'agirait d'avions de reconnaissance, et non de chasseurs. De plus, ces avions seraient destinés à des missions de surveillance au-delà de nos frontières. De là à une participation plus active à la défense européenne ou à l'OTAN, il n'y a qu'un pas. A terme, avec le remplacement des Tigers, les forces aériennes tablent sur 70 à 80 chasseurs en tout.

En son temps, nos adversaires nous reprochaient de vouloir abolir l'armée par tranches, la fameuse «tactique du salami». Aujourd'hui, face à une crise sociale qui a empiré depuis 5 ans, et face aux restrictions budgétaires dont les conséquences frappent la majeure partie de la population, il est inadmissible que le DDPS, trompant les citoyennes et citoyens, espère pouvoir encore gaspiller un demi-milliard pour des avions de surveillance totalement inutiles. Affaire à suivre de près!

Luc Gilly