"Une Suisse sans armée" n°39, automne 1998, p. diverses
Alors que l'armée était l'hôte d`honneur au Comptoir de Fribourg, le mercredi 7 octobre, Radio Fribourg devait organiser un débat à 17h30 sur le sujet "Est-ce que l'armée est trop chère?" dans l'émission Vipère. Les représentants fribourgeois de l'armée avaient donné leur accord, mais quand ils ont appris qu'un représentant du GssA participerait au débat, les militaires ont refusé cet interlocuteur en prétextant qu'ils n'avaient pas le droit de discuter en public du sujet de l'existence de l'armée. C'était l'affaire des civils!
Pourquoi refuser une demi-heure d'émission de Radio Fribourg? De quoi a-t-elle peur? D'écouter les arguments du GssA? Quelle contradiction avec tous les discours sur l'ouverture au dialogue, sur la capacité d'adaptation, sur le fait que les "citoyens-soldats" sont le "pont" entre la société civile et l'armée... En fait, pour elle, qui essaie de trouver sa place dans la "forteresse Europe", il s'agit évidemment encore d'un pont-levis.
Marc Braun
Le/la brigadier(e) Doris Portmann, chef(fe) des femmes dans l'armée, a tiré un bilan "langue de bois" après ses premiers cent jours en fonction. Début octobre, elle déclare:
Après les églises, l'armée se plaint de ne pas avoir été invitée à participer à l'expo.01. Elle veut absolument présenter son nouveau modèle et sa nouvelle pensée(!) pour le siècle prochain... (cf. article sur le rapport Brunner en page 3). Elle voudrait présenter son interventionnisme futur accompagnant les missions de paix de l'OTAN et avec la future armée européenne, ses dispositifs de répression pour faire régner l'ordre à l'intérieur du pays. Si Mme Fendt (responsable de l'expo.01) et son équipe veulent promouvoir la Suisse de demain, il vaudrait mieux qu'ils se passent de l'armée.
Les policiers genevois, suite à des propositions de suppression d'avantages sociaux, ont menacé jusqu'à récemment de faire grève. Le 26 août, le chef de la police Laurent Walpen a évoqué la possibilité de recourir à la troupe en cas de grève. Le GSsA a dénoncé les graves risques que la troupe, non formée aux tâches dévolues à la police, ferait courir à la population, ainsi que le risque de militarisation du travail, et pourquoi alors ne pas employer la troupe en cas de grève dans les hôpitaux voire dans les écoles? Enfin, le GSsA a déploré l'atteinte aux droits syndicaux et au droit de grève en particulier, par le recours à la troupe pour maintenir l'ordre, de sinistre mémoire. Walpen s'est fait vertement tancé par le colonel Ramseyer, Conseiller d'État en charge de la police, conformément à la position prise par le canton lors de la consultation sur le projet fédéral de recours à la troupe en 1995. La communication dans les hautes sphères a des ratés.
Le célèbre chef et ex-pilote de F/A-18 Fernand Carrel a été blanchi des erreurs dangereuses de pilotage qui lui étaient reprochées. Après une longue vérification, les autorités ont reconnu que ses capacités et son permis de vol dans l'armée suisse était propre en ordre. Néanmoins, son permis lui a été tout de même retiré pour question d'âge.
Ça va plus mal pour le colonel Nyffenegger, celui qui a fait disparaître et distribuer des CD-Roms top-secret sur l'armée suisse! Son procès et celui de ses complices devrait bientôt commencer. Que va proposer Mme Carla Del Ponte? Le suspense devient insoutenable.
Le commandant Jean-François Duchosal (celui qui imposa son défilé militaire aux Genevois en 95) quitte l'aéroport. C'est avec tristesse et consternation que nous avons appris que le colonel vient de jeter sa troisième casquette aux orties pour prendre congé du Service de Sécurité de l'Aéroport (SSA ¹ GSsA!). L'âge de la retraite a sonné. Fier de sa mission accomplie, dit-il dans une récente interview, il ajoute dans un dernier râle de désespoir qu'un nouveau défilé militaire l'intéresse toujours. «Commandant Duchosal, maintenant c'est REPOS!»
Pour le budget 99, le Pentagone défend
son bifteck becs et ongles. On manque d'avions, de navires, de matériel dernier cri pour gagner la
prochaine guerre. Pleurnicheries classiques des
galonnés sur le manque de moyens! Une ligne du
budget retient pourtant l'attention: l'armée américaine
veut acheter pour 50 millions de dollars de ... Viagra.
Les militaires se sentaient plus à l'aise devant un
canon que devant une femme. Ainsi ils auront droit à
6 pilules par mois pour les plus atteints. Les
vieux clichés sur les militaires se verraient alors
vérifiés: symbole phallique des canons dressés vers le
ciel, compensation des frustrations sexuelles par le
port de l'uniforme et le sentiment d'invincibilité ... Avec
le Viagra et les moyens techniques, les
Américains peuvent dormir tranquille: ils auront toujours
l'armée la plus puissante du monde.
s.l.
L'Institut Universitaire des Hautes Etudes Internationales à Genève a nommé au début de cette année un certain François Heisbourg comme nouveau directeur. On peut s'étonner de cette nomination qui n'a pas été mise au concours, mais désignée sur appel par un conseil restreint de 4 personnes, dont M. David de Pury! M. Heisbourg n'a ni expérience académique, ni titre de docteur. Par contre, c'est un sérieux manager dans le monde des affaires, puisqu'il est encore actuellement directeur adjoint de Matra-Thompson International et Matra-Défense Espace, sociétés célèbres en France et ailleurs pour leur grand marché de ventes d'armes à travers le monde. A cause de la publication de ses liens avec les ventes d'armes, et pour une histoire de gros salaire, M. Heisbourg a fini par renoncer à ce poste. C'est le Conseiller national et professeur Peter Tschopp qui occupera provisoirement ce poste.
l.g.