"Une Suisse sans armée" n°37, printemps 1998, p. 13

L'initiative du GSsA pour le SCP en quelques points

Le SCP doit être financé par des moyens publics, mais la conception et l'exécution de ses activités sont assurés par une commission indépendante dont font partie les organisations de la société civile déjà actives sur le terrain (pacifistes, féministes, environnementales, de soutien aux réfugiés, de coopération et d'aide au développement).

L'action du SCP se ferait principalement à deux niveaux:

  1. La formation, qui comprend deux domaines distincts: formation de base et formation spécifique.

    La formation de base, ouverte à toute personne résidant en Suisse, permettrait de diffuser les connaissances et les pratiques de l'action non-violente en situations de conflit. Pour permettre un large éventail de possibilités à ce niveau, nous n'avons pas fixé ni la durée ni par cette formation sera donnée, mais nous imaginons qu'elle pourrait être effectuée dans des écoles, mouvements de la société civile et organisations actives sur le terrain social et politique, syndicats, etc.

    L'accès à la formation spécifique et continue est réservé aux volontaires qui, selon les besoins du SCP, seront engagés pour des actions concrètes. Le contenu de cette formation n'est pas fixé dans le texte constitutionnel. Ici aussi, ce sera la commission indépendante qui décidera. Il existe des exemples de cette formation1. L'observation et la compréhension des conflits en général ainsi que des situations spécifiques (histoire, culture, contexte économique, social et politique) dans les lieux d'intervention sont des conditions indispensables pour l'action, individuelle et collective, sur le terrain.

  2. L'action dans des situations de conflit.

    Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, les interventions civiles ne se font que sur demande et en collaboration avec des acteurs locaux impliqués. Le SCP ne doit surtout pas devenir un «colonialisme pacifiste», où les interventions sont décidées unilatéralement. Les contributions du SCP à la transformation non-violente des conflits peuvent se faire avant, pendant et après leur éclatement violent: détection des situations de conflit; identification des conflits potentiels, récolte et diffusion de l'information sur les causes des conflits; prévention de l'escalade et de l'éclatement violent du conflit, proposition de mesures politiques, économiques et sociales, médiation; soutien au processus de reconstruction de la paix, reconstruction sociale.

    Quelques exemples d'activités sont l'observation et la promotion de la situation des droits humains, le soutien aux mouvements locaux de défense des droits humains, l'accompagnement de personnes en danger, l'ouverture et l'entretien de réseaux pour l'information et les médias indépendants, le soutien aux initiatives citoyennes et à leur auto-organisation dans la construction d'une société civile démocratique.

Astrid Astolfi, Tobia Schnebli

1 Un programme de formation à la gestion civile des conflits a été effectué pour quinze personnes en Allemagne en 1997. Les participants à cette formation de trois mois étaient engagés pour des projets d'interventions civiles principalement en ex-Yougoslavie. Le programme de formation était financé par le Land allemand du Nordrhein-Westfalen et conçu par des associations pacifistes allemandes («Aktionsgemeinschaft Dienste für den Frieden», «Bund für Soziale Verteidigung» et «Forum Ziviler Friedensdienst»).