"Une Suisse sans armée" n°37, printemps 1998, p. 27

Nouveaux livres:

Sur les cendres de 1989

Paolo Gilardi, Editions d'en bas, 1998

1989: Avec la chute du Mur de Berlin, le monde bipolaire issu de Yalta s'effondre. Sur ses décombres, c'est le leadership mondial des Etats-Unis qui s'affirme: à travers l'ONU, ils dirigent des «opérations de police» internationales comme celle menée contre l'Irak en 1991; au moyen de l'OTAN, ils imposent la restructuration des appareils militaires occidentaux.

En Suisse, pendant ce temps...

1989: Plus d'un million d'Helvètes (36% des votants) et deux cantons approuvent l'initiative pour une Suisse sans armée. Une «catastrophe» selon le Conseil fédéral qui en profitera néanmoins pour mettre sur la touche les plus conservateurs des cadres du DMF, et assiéra sur sa victoire du 6 juin 1993 (vote sur les avions de combat F/A-18) les bases d'une nouvelle armée.

Devenu un spécialiste de tout ce qui concerne l'armée, et analyste avisé des forces antimilitaristes, Paolo Gilardi met en perspective les événements sur les scènes internationale et nationale. Il montre qu'ils permettent aux militaires suisses «modernistes» de préparer le terrain pour une armée nouvelle, semi-professionnelle, intégrée aux dispositifs de l'OTAN et prête à se charger de tâches de «police» à l'intérieur du pays. Et il conclut: la votation de la première initiative pour une Suisse sans armée a été l'occasion d'«immoler la vache sacrée» qu'était l'armée suisse d'antan. Il est urgent aujourd'hui de se donner les outils pour éviter que, des cendres de 1989, ne naisse un autre monstre, moins gras mais beaucoup plus musclé.

Prix: 24.80

La Suisse face à la Seconde guerre mondiale, 1945-1948.
Emergence et construction d'une mémoire publique

Luc van Dongen, Cahiers de la Société d'Histoireet d'Archéologie de Genève (Les Bastions, 1211 Genève 4), N° 5, Genève, 1997, 297 p.

Commencée en 1993 - donc bien avant le début de l'affaire dite des fonds juifs - cette étude constitue une version remaniée d'un mémoire de licence réalisé dans le cadre de l'Université de Genève. La recherche avait pour but de mettre à jour l'attitude de la Suisse officielle et de l'opinion publique des années 1945-1948 face au passé encore chaud de la Seconde guerre mondiale. Quel fut, dans les années extrêmement incertaines de l'immédiat après-guerre, le discours sur la guerre et quels enjeux politiques et culturels ce discours révélait-il? Par quoi se caractérisait le débat public autour des «années sombres» en Suisse? Le livre montre aussi comment les élites dirigeantes sont parvenues à s'accaparer les valeurs de «résistance» aux idéologies fascistes et d'attachement à la «démocratie», biaisant ou occultant parfois les faits, taisant certaines réalités gênantes, refusant surtout d'admettre l'ambiguïté d'une période trouble. Comment aurait-il pu en être autrement, étant donné la continuité du système politique et l'intégration toujours plus poussée des socialistes au pouvoir? Sont ainsi examinés les épisodes les plus significatifs - fin de la guerre, projet avorté d'un Livre blanc, affaire Masson, scandale des «deux-cents», rapports officiels, procès Oltramare, etc. - au cours desquels la Suisse a été aux prises avec les résurgences du passé dans l'immédiat après-guerre. Une des idées qui sous-tend le livre, c'est que les circonstances particulières de la période 1945-1948 (nécessité de sortir de l'isolement international en liquidant notamment le passif de la collaboration économique avec l'Axe, nécessité de prévenir d'éventuels troubles sociaux, peur du communisme, etc.) sont à l'origine de quelques unes des représentations les plus mythiques au sujet de la Seconde guerre mondiale. Ce livre peut aujourd'hui contribuer utilement à la compréhension des convulsions de la Suisse par rapport à son passé.

Prix: 30.-

La Suisse et le service mercenaire Six siècles de honte

Jacques Urbain, Ed. La Marche du Temps, Genève, 1998

... le scandale du "mercenariat" dont la Suisse s'est trop longtemps déshonorée. L'auteur brasse ainsi une longue période de l'histoire hélvétique faite de grandeur sans doute ... et de honte assurément.

Ces braves Suisses d'antan, assoiffés d'aventures morbides, sont les complices des horribles guerres de Louis XIV et de Napoléon pour ne pas en citer d'autres ...

Au reste, qui sont les assassins des 8000 Huguenots de la Saint-Barthélémy sinon des mercenaires suisses?

Extraits de la préface de René Cruse

Prix de souscription 24.-, après parution (avril) 28.-