En matière de "défense" comme on dit pudiquement, trois questions sont plus que jamais d'actualité:
D'une manière générale, l'opinion et à sa suite la classe politique toutes tendances confondues pensent qu'il faut défendre son pré-carré, en l'occurence la Suisse, contre toute menace supposée d'une puissance étrangère. C'est sous ce prétexte qu'on entretient une armée dispendieuse au détriment des prestations sociales, éducatives et culturelles. En outre cette armée fait fonctionner des usines d'armement. Si celles-ci fournissent du travail à quelques employés, c'est pour fabriquer des engins de mort, dont le surplus fait le bonneur des trafiquants. Ces derniers alimentent alors des terroristes de tout poil.
L'armée est ainsi une institution au service de quelques privilégiés à l'encontre de populations affamées. Elle défend prioritairement les décideurs économiques dans un gaspillage inouï.
Contre toutes subversions intérieures, l'armée entend maintenir l'ordre établi des plus riches. Elle se prépare ainsi à une guerre civile éventuelle à l'encontre de l'action politique démocratique. Sa structure même est anti-démocratique. N'ayant pas d'ennemi, sa stratégie extérieure est sans objet.
Par un renforcement de la justice sociale, notamment en faveur des plus démunis, des chômeurs, de l'enseignement, de la santé publique et de la culture. Toutes choses qui sont facteur de paix.
Les antimilitaristes qui s'apprêtent à relancer une nouvelle initiative pour la suppression de l'armée suisse, sans s'assujettir pour autant à une défense européenne, sont loin d'être des pacifistes "irresponsables". Ce sont, à n'en pas douter, des réalistes!
Dès lors, on ne voit pas comment la gauche, toute la gauche, n'userait pas abondamment de cette occasion pour garantir ses options fondamentales et les valeurs qu'elle prétend défendre. Si d'aventure elle boudait cette initiative contre le chancre le plus visible de la société, qu'est l'institution militaire, elle se discréditerait et se trahirait. On sait, en effet, que la fonction première de l'éducation militaire est de façonner l'esprit des jeunes dans la discipline de fer qui les soumet à l'entreprise capitaliste.
Pourrait-on avoir confiance dans des élus socialisants ou écologistes qui ne feraient pas leur, en la matière, la célèbre devise de Guillaume d'Orange disant en substance: "Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer."
Quant aux chrétiens, il y a belle lurette qu'ils devraient savoir ce qu'il leur reste à faire.
René Cruse, novembre 1997
Dimanche, 30 novembre à 11h55, la TSR nous invite à son émission «Droit de Cité», avec un titre accrocheur «Moins d'armée (initiative socialiste) ou pas d'armée du tout (les initiatives du GSsA)». On se sent concerné et on allume la télé.
Que va-t-on entendre et voir? Le caméraman nous montre la galerie des participants au débat: ouf! C'est le retour de la République des mandarins!! Du sergent major aux colonels (ils sont dix), face à une mère de famille et un responsable du GSsA.
En ouvrant la séance, le journaliste et meneur de jeu accorde, démocratiquement, au représentant du GSsA une petite minute pour présenter les deux initiatives.
Puis, l'un après l'autre, les dix anciens de la «mob» font état, longuement, de notre indispensable armée, régulièrement remise à jour selon les progrès de la science militaire. On a tout entendu:
Mais à aucun moment, durant les 55 minutes qui ont été accordées aux mandarins présents, ceux-ci n'ont justifié, ni démontré les sources de l'hypothétique danger qu'encourrait notre pays, justifiant une indispensable armée.
Le temps mis à disposition par la TSR pour ce «Droit de Cité» étant consommé, voilà donc le sujet amplement débattu et le peuple souverain informé !!!.... en attendant Godot.
Maxime Chalut, décembre 1997
P.S.: Comme par hasard, les téléspectateurs n'ont pas pu téléphoner au standard. De ce fait, ils n'ont pas eu droit au débat. L'émission n'était pas en direct.