Une Suisse sans armée n° 35, automne 1997, p. 7

Service civil An 1:

D'un côté de la tartine un peu de miel, de l'autre beaucoup de moutarde

Côté miel...

1'763 personnes n'iront pas en prison, puisqu'astreintes au service civil (SC), sur un total de 400'000 soldats suisses. Les 900 premières personnes font parties de l'ancienne loi Barras («l'astreinte au travail», 1992). Pour les 883 autres, c'est la «nouvelle» génération de gens qui demandent depuis octobre 1996, à bénéficier du SC. A ce jour, 75,8% des demandes ont été acceptées. Les placements proposés ont jusqu'ici semblé satisfaisants aux yeux des civilistes. En principe, toutes ces personnes effectuent leur SC dans leur canton de résidence, dorment le soir chez elles et ne paient plus de taxe militaire..! A Genève (3e canton en terme de demandes), la permanence d'accueil et d'information du GSsA est de plus en plus sollicitée, parfois débordée, les appels téléphoniques de toute la Romandie sont nombreux. C'est bon signe. C'est aussi pourquoi une coordination romande des permanence SC vient d'être créée le 18 octobre dernier, dans le but de disposer d'un réseau plus large d'information et de collaboration. Dans le prochain journal, nous publierons la liste romandes des permanences, celles-ci n'étant pas encore toutes...opérationnelles.

... côté moutarde

Le service civil est-il un nouveau secret d'Etat? On le croira volontiers, vu le manque chronique d'information constaté avant, pendant et durant le recrutement, les écoles de recrue (ER) et cours de répétition (CR). Les autorités rétorquent qu'elles ne peuvent faire la publicité du SC (bien que celui-ci soit aujourd'hui prévu par la Constitution...). Que font-ils du plus élémentaire droit à l'information?

Beaucoup de jeunes ignorent toujours l'existence même du SC! Ceux qui en savent un peu plus butent souvent sur les démarches à entreprendre et sur les délais à respecter pour la remise de leur dossier.

Voici en vrac les critiques et les manquements les plus importants que nous avons constaté: information quasi-inexistante, seulement 20 personnes pour traiter l'ensemble des dossiers sur toute la Suisse, accumulation des dossiers non-traités, augmentation des refus alors que les effectifs de l'armée sont promis à une nouvelle diminution, traitement des auditions des candidats au SC centralisé à Thoune, absence de coordination administrative en Romandie et au Tessin, quid des 24% de demandes refusées (prison, psys ou toubibs?), refus opposé à des bons dossiers (exige-t-on un tel dossier de la part des futurs soldats?), pas de prise en compte des difficultés des candidats dans la présentation devant la commission, pratiquement pas de possibilité d'effectuer son SC à l'étranger, durée supérieure au service militaire d'1,5 fois (et toujours pas de libre-choix, pourtant préconisé par la Communauté européenne), problème de la concurrence que représente le SC face au chômage (nouvelle main d'uvre à bon marché), coût dissuasif pour les petites organisations pour l'engagement des civilistes (1000 FrS), manque flagrant de moyens financiers pour financer ce SC alors que l'armée gaspille toujours 35 millions par jour, pas de prise en compte suffisante du sens du SC dans sa réalisation, etc....

Le but du SC n'est donc de loin pas atteint. Certains points pourront peut-être s'améliorer mais on ne peut qu'encourager un soutien aux nouvelles initiatives du GSsA, dont l'une propose la création d'un service civil, volontaire celui-ci, plus imaginatif, plus solidaire et ouvert à toutes et à tous (cf. première partie de ce numéro du journal).

En attendant le lancement de ces initiatives, ne vous découragez pas, n'hésitez pas à nous contacter pour l'information disponible sur l'actuel SC, ou commandez auprès de notre secrétariat la brochure «Comment sortir de l'âge des casernes?» ou le livre «Service civil, mode d'emploi» (cf. dernière page de ce journal).

Les dossiers de demande sont à remettre 3 mois au plus tard avant le début de l'ER ou du CR concerné. Renseignements auprès de la permanence service civil du GSsA, tous les lundis 10h à 13 h.

Luc Gilly