Le Conseil des États approuve un réarmement massif – Amherd prévoit des acquisitions d’armement opaques

Le Conseil des États a adopté aujourd’hui le Message sur l’armée 2020. Le budget total demandé par le DDPS s’élève à près de trois milliards de francs. Malgré l’approbation reçue pour ces sommes en milliards, Viola Amherd veut désormais pouvoir acquérir du maériel de guerre seule, avec moins de contrôle démocratique de la part du Parlement.

Le DDPS n’y va pas de main morte: outre les crédits de 1354 millions de francs demandés pour le programme d’armement 2020, il prévoit pour les années à venir des dépenses de six milliards pour de nouveaux avions de combat, de deux milliards pour des systèmes de défense sol-air et de sept milliards pour le renouvellement des systèmes terrestres. Pour financer toutes ces dépenses, le budget de l’armée sera augmenté de 1,4% par année. «C’est incroyable: tandis que la Suisse vit la plus grande crise économique de son histoire récente, le DDPS jette l’argent des contribuables par la fenêtre !», s’indigne Aline Bressoud, secrétaire du GSsA.

La population suisse est tenue à l’écart, puisqu’elle ne pourra se prononcer que sur l’achat de nouveaux avions de combat. La possibilité d’un référendum n’est prévue ni pour le relèvement du plafond des dépenses et le programme d’armement 2020, ni pour les futurs investissements dans les forces terrestres se chiffrant en milliards de francs. Aline Bressoud commente : «Avant même la votation sur les avions de combat, le Parlement donne suite à la demande du Conseil fédéral et s’empresse d’augmenter le budget de l’armée. Une démarche profondément antidémocratique.»

Comme l’a annoncé hier la conseillère fédérale Viola Amherd, un affaiblissement du rôle du Parlement dans le cadre des acquisitions d’armement est à l’examen. Le Parlement ne devrait désormais, selon la volonté de la nouvelle cheffe du DDPS, plus que jouer un rôle marginal lors d’acquisitions concrètes de matériel de guerre. Le Conseil fédéral pourrait de lui-même mettre en œuvre ce changement conséquent de la pratique suisse en matière d’acquisition d’armement. Pour Aline Bressoud, « il est impératif que le Parlement soit impliqué dans cette décision de grande envergure. J’espère que le Conseil fédéral n’a pas laissé son large pouvoir de décision durant la crise du coronavirus lui monter à la tête. »