Encore un trimestre fructueux pour les exportations d’armes

18.10.2022. Aujourd’hui, le Secrétariat à l’économie (Seco) a publié ses nouveaux chiffres concernant les exportations d’armes. C’est encore une mauvaise surprise, puisque qu’en une année le total de ces exportations a augmenté de 251,9 millions de francs. Parmi les pays chanceux de ces tristes exportations : le Qatar…

Les chiffres d’exportations d’armes du troisième trimestre de cette année ont été publiés aujourd’hui. La première chose qui saute aux yeux est l’augmentation massive des exportations en direction du Qatar. En effet, alors que l’année passée on recensait un total d’un peu plus de 22’000.- pour les exportations vers le Qatar, ce montant est aujourd’hui de 210,4 millions de francs. Il est honteux que la loi suisse sur le matériel de guerre autorise l’exportation d’armes vers des pays où les droits humains sont bafoués. Alors que les préparatifs de la Coupe du Monde ont déjà causé des milliers de morts et qu’une forme d’esclavage moderne y est encore en vigueur, c’est une honte d’y avoir envoyé autant d’armements, d’autant plus qu’il y a environ un mois, on apprenait que 6000 munitions de 27mm y avaient été livrées. De plus, le Qatar a été accusé à plusieurs reprises de soutenir financièrement des organisations terroristes internationales, et dans des rapports de Human Rights Watch, la place des femmes est décrite comme extrêmement précaire, souvent piégée dans des mariages violents et avec extrêmement peu d’autonomie. Pauline Schneider, secrétaire du GSsA explique : “Le Qatar est également connu pour son traitement discriminatoire des personnes queer, ainsi que pour son non-respect des droits humains, raison de plus s’il en fallait pour refuser d’y livrer du matériel de guerre”

Un autre chiffre effrayant est celui des exportations vers l’Arabie saoudite, qui sont illégales selon la législation de la LFMG. Les exportations vers ce pays en guerre au Yémen ont augmenté de près de 60 millions de francs par rapport à l’année passée : soit plusieurs millions en munitions pour les armes de tout calibre, ou pour les systèmes d’armes à énergie cinétique à grande vitesse, ainsi qu’en matériel de conduite de tir. L’Arabie Saoudite étant pourtant un pays souvent condamné pour ses traitements ne respectant pas les droits humains, ainsi que pour son rôle dans la guerre du Yémen. Il est indécent que la Suisse participe au réarmement global alors que les revendications antimilitaristes se sont faites entendre partout en Suisse depuis le début de la guerre en Ukraine. C’est extrêmement problématique et révoltant, et cela d’autant plus quand on connaît le rôle humanitaire que se donne la Suisse à l’international.

Il semble toutefois que le Seco n’ait pas la volonté de mettre en œuvre ces critères, estime Pauline Schneider. Le GSsA demande au Conseil fédéral d’ordonner au Seco de mettre enfin en œuvre les modifications de la loi sur l’exportation de matériel de guerre. Elle ajoute : “Malgré l’énorme succès de l’initiative correctrice, il ne semble pas évident pour le Seco d’appliquer ses modifications de loi dans la pratique. Tant que la Suisse exporte des armes vers des pays qui violent systématiquement les droits humains, notre engagement antimilitariste est urgent. Notre engagement contre les milliards d’armement envoyés dans ces pays doit être maintenu.

Lien vers les chiffres du Seco : LINK