Manque de transparence et immixtion des services secrets américains ?

Après le très petit OUI au chèque en blanc pour de nouveaux avions de combat, place à la folie du lobby de l’armement.
LAURA RIGET

Même si plusieurs mois se sont écoulés de-puis, nous nous souvenons encore de ce dimanche de votations en septembre. En effet, seules 8600 voix nous séparaient d’un extraordinaire NON au crédit d’achat de plusieurs milliards pour de nouveaux avions de combat. Le camp du OUI avait fait de cette votation un scrutin sur l’existence de l’armée elle-même. Malgré cette exagération, presque 50% de la population s’est prononcée contre l’objet en question. Le DDPS n’a donc vraiment pas de quoi faire la fête. Nous espérions, naïvement peut-être, que le DDPS prendrait note de cette majorité aléatoire et qu’il se montrerait ainsi prêt au dialogue– notamment car le crédit octroyé définit certes la somme maximale pouvant être dépensée, mais ne contraint pas le DDPS à tout dépenser. Il existe également une marge de manœuvre en ce qui concerne le nombre et le modèle des avions : l’armée pourrait par exemple renoncer à l’achat des avions américains controversés. Or, jusqu’à présent, rien n’indique que le DDPS prenne l’opinion des 49,85% de la population au sérieux.

LE RÔLE DES SERVICES SECRETS AMÉRICAINS
Nous l’avons dit et répété, les magouilles et le manque de professionnalisme que l’on a pu observer lors d’autres acquisitions du DDPS ne doivent pas être tolérées. Des informations qui proviennent du nord de l’Europe nous révèlent que nos craintes sont malheureusement fondées.La Norvège, comme le Danemark avant elle, a décidé d’acheter le F-35, un avion de combat américain. Les 52 appareils constituent l’achat public le plus important jamais effectué en Norvège. A présent, la presse norvégienne nous apprend que les États-Unis auraient espionné le processus d’acquisition des avions au Danemark et potentiellement aussi en Norvège.
La Suisse, elle, se trouve maintenant en plein processus d’évaluation, qui devrait se terminer par le choix d’un modèle à la fin du deuxième trimestre. Le modèle américain F-35 fait partie des avions proposés. Il est donc plus que jamais essentiel que nous insistions pour que ce processus d’acquisition soit transparent. Nous réfléchissons également à la possibilité de lancerune initiative contre l’achat d’un modèle concret,en fonction de ce qui se passera ces prochains mois. Nous ne lâcherons rien !

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