Le lobby de l’armement

Le lobby de l’armement est à peine visible en Suisse et pourtant, il est omniprésent. Il a des parlementaires à son service, influence les décisions liées à l’acquisition d’armes et dispose d’immenses moyens financiers. Pour que ses moindres vœux soient exaucés, l’industrie de l’armement s’appuie sur des lobbyistes qui, engagés par des entreprises de relations publiques, font en sorte d’obtenir des majorités pour le commerce de la mort. Comme la production et le financement du matériel de guerre sont réglés au niveau d’une loi fédérale, c’est le Parlement qui a la main sur son contenu. L’Assemblée fédérale pourrait réguler davantage la production d’armes ou interdire financement de matériel de guerre par la place financière suisse. Or, au sein du Palais fédéral, la pression exercée par le lobby de l’armement se fait sentir. Et ce lobby fait tout pour que la politique suisse en matière d’armement ne soit pas durcie.

Pas de transparence

La Suisse est le seul pays d’Europe de l’Ouest dans lequel le financement des partis, des politicien·ne·s et de comités de campagnes ne sont pas rendus publics. Il est donc difficile de savoir qui fournit les moyens financiers pour les différentes campagnes politiques. Durant la campagne sur le Gripen, il a été découvert que l’entreprise Saab voulait massivement financer la campagne en faveur de ses avions de combat. La pression populaire a été suffisante pour que Saab se voie contrainte de rembourser au moins 200’000 francs. Il est néanmoins difficile de dire combien d’argent est arrivé en Suisse depuis la Suède.

Ce n’est toutefois pas seulement lors des campagnes de votation que l’argent circule de manière douteuse : le lobby de l’armement est présent au quotidien au sein du Palais fédéral et d’autres institutions importantes. De nombreux·ses parlementaires bouregois.es sont de véritables laquais de l’industrie de l’armement. Ce sont des entreprises de relations publiques qui jouent le rôle d’intermédiaires entre le parlement les différentes entreprises d’armement telles que Farner PR et certaines d’entre elles ont directement accès au Palais fédéral. Cette influence du lobby de l’armement a eu des conséquences extrêmement concrètes sur la politique suisse en matière d’armement, comme le montre l’assouplissement de l’ordonnance sur le matériel de guerre en 2014. La majorité bourgeoise du Parlement avait alors décidé de permettre à nouveau les exportations d’armes dans des pays qui violent systématiquement et gravement les droits humains.

 

Liens directs du lobby de l’armement au sein du Palais fédéral

Un·e parlementaire actuel·le sur dix environ est membre de l’association «Cercle de travail Sécurité et techniques de dépense (cstd) », une organisation de façade de Farner PR. Au sein de la commission de politique de sécurité du Conseil national (CPS-N), près du tiers des parlementaires sont membres de la csdt, dont la présidente et le vice-président. Même la très bourgeoise NZZ a écrit à ce sujet : «Tant qu’il y aura des parlementaires dans les commissions parlementaires de sécurité, qui sont rétribué·e·s par des entreprises d’armement, il n’y aura pas de réelle transparence. »

Espionnage sans scrupules de l’adversaire politique

Le GSsA a lui aussi du directement faire face aux agissements honteux du lobby de l’armement. En 2009, peu avant la votation sur l’initiative pour l’interdiction des exportations d’armes, une employée de Farner PR a tenté d’infiltrer la campagne. Comme au temps de la Guerre froide, le lobby de l’armement a tenté de placer son agente secrète, ce qui montré une fois de plus sa triste conception de la démocratie. Le scandale qui en a résulté a certes terni l’image de l’entreprises de relations publiques mais n’a pas empêché l’investissement de millions dans la campagne contre l’initiative.