Communiqué du GSsA du 6 avril 1999

Soutenir les forces démocratiques et pacifistes

Les porte-parole de l'OTAN, M. Clinton et Mme Albright s'entêtent à nier l'évidence: les bombardements de l'OTAN ont permis aux troupes militaires et policières serbes de multiplier à grande échelle les exactions et les déportations. Si l'enjeu de la guerre contre la Serbie était la défense des droits humains de la population kosovare, il aurait fallu arrêter immédiatement les bombardements.

Il est vrai que l'expulsion massive des albanais était préparée longtemps à l'avance. Cela était prévisible ces dix dernières années, depuis la suspension du statut d'autonomie de la Kosove opérée par Milosevic en 1989. Pendant ces dix années, l'Occident, y compris la Suisse, a manqué d'innombrables occasions pour soutenir sérieusement l'opposition démocratique dans tous les pays de l'ex-Yougoslavie. Pourtant c'est avec ces forces qu'il aurait fallu, et qu'il faudrait encore, chercher des solutions politiques aux conflits. Quand les kosovars revendiquaient leurs droits avec des moyens pacifiques, leurs griefs n'avaient aucune priorité sur les agendas de la diplomatie internationale. Ce n'est que lorsque certains Albanais de Kosove s'en sont pris aux policiers serbes avec des armes qu'on a commencé à s'intéresser sérieusement au problème. L'évolution que l'on n'a pas su arrêter pendant dix ans est maintenant accélérée par l'intervention de l'OTAN.

Les bombes de l'OTAN sont la continuation avec d'autres moyens d'une politique ratée: maintenant tout appel démocratique et opposé à la guerre est étouffé en Serbie. Il y a quelques jours nous avons reçu le message de Pokret za mir Pancevo, une organisation pacifiste de Serbie: "La paix à long terme et la stabilité dans cette région dépendent très largement du développement de la démocratie en Serbie. Mais dans cette situation, pendant les attaques de l'OTAN, la Serbie s'éloigne plus que jamais des changements politiques, économiques et démocratiques nécessaires. Le travail des organisations culturelles et scientifiques, des partis politiques démocratiques, des ONG et des autres forces qui s'engagent pour la paix et la tolérance est maintenant menacé et par-là aussi les possibilités pour la démocratie et le développement de la paix." (Aleksandar Weisner, Pokret za mir Pancevo, e-mail ppm@bozic.co.yu).

Que faire?

Nous sommes conscients que nous n'avons pas les moyens pour infléchir sérieusement la politique des puissances occidentales: en engageant l'OTAN dans une opération sans précédents, les Etats occidentaux jouent sur leur "crédibilité" en tant que puissances militaires.

En revanche, en tant que pays non membre de l'OTAN, la Suisse se trouve dans une position privilégiée pour favoriser la recherche de solutions pacifiques.

Nous proposons que la Suisse mette en place une Table Ronde permanente pour des organisations démocratiques de la région de l'ex-Yougoslavie, à laquelle des forces qui cherchent des solutions pacifiques puissent se rencontrer, se coordonner et trouver des solutions.

Par ailleurs, nous soutenons également la demande d'accorder une protection diplomatique aux opposantEs démocratiques et aux déserteurs Yougoslaves. (Cfr. L'appel de "Medienhilfe ex-Yugoslawien" ci-joint)


4 avril 1999. Appel urgent aux gouvernements

Défendre la démocratie!

La guerre en Kosov@ a conduit à l'expulsion de dizaines voire de centaines de milliers d'êtres humains et à la destruction de toute la région. En particulier, les intellectuels kosovars albanais, les activistes d'organisations de défense des droits humains et des médias indépendants sont exposés à la rage des unités serbes sans protection aucune. Ces personnes n'ont pratiquement pas de possibilités de s'échapper de cette guerre. Plusieurs ont réussi à atteindre l'Albanie, la Macédoine ou le Monténégro, mais beaucoup manquent à l'appel ou se trouvent encore à Pristina.

Aussi l'opposition en Serbie est mise sous une pression massive par l'escalade guerrière. Le régime de Slobodan Milosevic profite du temps de guerre pour activer une réelle chasse à l'opposition: les médias indépendants sont fermés, des activistes de défense des droits humains et d'organisations pacifistes sont enrôlés de force dans l'armée. L'objectif est clair: profiter des bombardements de l'OTAN pour faire taire toute pensée civile et dissidente.

La persécution par la police serbe de Veran Matic, rédacteur en chef de la radio belgradoise B92, et le remplacement du directeur de B92, Sacha Mirkovic par un fidèle de Milosevic sont des exemples de cette répression de l'Etat. Les noms de toutes les personnes travaillant à B92 ont été enregistrés par la police. Beaucoup n'osent plus passer la nuit chez elles. Aussi les archives du Fonds pour la Loi Humanitaire ont été confisquées. Son directeur, Mme. Natacha Kandic a été interrogée par la police. Le Fonds a lutté avec courage ces dernières années contre la violation de droits humains en Kosov@ et a préparé les documents nécessaires au Tribunal international contre les crimes de guerre de la Haye.

Nous devons craindre pour le futur des forces démocratiques au Monténégro également, où ces forces constituent aujourd'hui le gouvernement légalement élu. Si Milosevic parvient à renverser le gouvernement de M. Milo Djukanovic, la chasse aux représentants démocratiques débutera aussi au Monténégro.

Nous sommes fermement convaincus que les forces démocratiques et dissidentes actuellement réprimées en Serbie et en Kosov@ constituent la seule garantie pour la liberté, la sécurité et la stabilité dans les Balkans. Seul le soutien conséquent de ces mouvements et l'isolement total de Milosevic et des autres marchands de guerre peut, à terme, calmer la situation et conduire vers une solution démocratique des conflits. Milosevic fait partie du problème, non pas de la solution. Cela doit être finalement accepté aussi par les représentants de la politique et de la diplomatie internationales. Il faut mettre en œuvre de manière consistante tous les moyens civils pour renforcer les forces civiles qui luttent pour les droits humains et la démocratie dans toute la région.

Nous demandons:

Appel lancé par Medienhilfe Ex-Jugoslawien, Case postale, 8031 Zurich, tél. +41/(0)1 / 272 46 37 fax +41/(0)1 / 272 46 82 Mail: INFO@MEDIENHILFE.ch // http://www.medienhilfe.ch